Notre route entre Dawson Creek et Edmonton se caractérise par un retour graduel à la civilisation. De plus en plus de traces de développement et d’exploitation de toutes sortes s’offrent à nos yeux. Des grandes fermes, des zones industrielles, des petites villes éparpillées ici et là, une autoroute divisée et droite. On a fait 625 km environ pour finalement arriver au parc national de Elk. Ils gardent sur le parc deux groupes de bisons: bison des prairies et bison des bois environ 900 au total. Ils maintiennent le cheptel ainsi en exportant dans d’autres parcs les surplus provoqués par les naissances. Après avoir frôlé l’extinction à la fin du XIXième siècle, il y en a maintenant 30,000 en Amérique. Le bison des bois est plus gros et plus foncé, un mastodonte de 2000lb : le plus gros mammifère en Amérique.
Le parc est à environ 30 minutes à l’est d’Edmonton et très achalandé en ce samedi. On est loin de Grassland et de son isolement tranquille mais la ville à côté fait 1,5 millions d’habitants alors plein de gens en profitent et c’est tant mieux. Le parc permet tout de même des randonnées en auto, en vélo et à pied. Déjà sur le 15km dans le parc pour nous rendre au camping nous avons rencontré quelques bisons en circulant. D’impressionnants bisons des prairies dans ce secteur-ci du parc qui aiment jouer à la vedette en traversant la route d’un pas fier, comme certains traversent le tapis rouge des oscars. Des vrais m’as-tu vu!
Cette fin de journée est marquée d’un événement malheureux au parc. Il y a un beau lac et il y a beaucoup de monde qui y viennent pour se relaxer de la ville. Lors d’une ballade en canot, un père et son fils ont renversé et le père qui ne portait pas de gilet de sauvetage s’est noyé. On a été témoin des recherches : hélicoptère, bateaux, et toute l’équipe de secouriste. Cela leur aura pris deux jours avant de trouver le corps avec tout ce que cela comporte d’équipes de recherche. Une mort inutile s’il en est une. Le port du gilet aurait fait toute la différence entre une mésaventure à raconter et un drame humain.
Compte tenu de la visite du pape, nous décidons de visiter Edmonton tout de suite le lendemain afin de ne pas être en compétition avec lui sur les rues d’Edmonton. On avait des emplettes à faire, cela nenous tentait pas de visiter un centre-ville qui risque de ressembler à un autre, alors on a décidé d’aller dans le plus grand centre d’achat en Amérique du Nord: le Edmonton West Mall. C’est complètement fou. 800 magasins sur deux étages. Des aires de jeux : patinoire, piscine à vague, parc d’amusement avec d’impressionnants manèges, un parc marin et toute la panoplie des boutiques de grands noms tels Gucci, Yves St-Laurent (avec un agent de sécurité à la porte), Vutton etc… oh oui et Hudson Bay et Simons. C’est vraiment gigantesque. C’est un attrait touristique semble-t-il.
Au retour nous allons au Ukrainian Heritage Village. Il s’agit de la reproduction d’un village du début du XXième siècle où habitaient des immigrants Ukrainien. Il y a des gens habillés d’époque et reproduisent les activités de cette période. Un petit village typique avec son église orthodoxe, sa gare et son entrepôt à grains. L’école est intéressante car on y voit une classe qui ressemble beaucoup à ces classes où Chantal et moi avons fait notre primaire. C’est quand même un curieux message que de voir une tranche de ta vie dans un musée du début du XXième…
Le lendemain nous demeurons au camping afin de profiter de cet endroit. Nous faisons une randonnée de vélo le matin et après 7 ou 8 kilomètres, un gros bison nous attend sur le bord du chemin et ce fut suffisant pour nous faire rebrousser chemin. On en a vu de très près aussi quand on se promenait en pick-up mais on se sent un peu plus protégé dans la cabine n’est-ce pas.
Le parc est divisé en deux sections une pour les bisons des prairies où nous campons et une autre section plus au sud où il y a les bisons des bois : les plus gros. Toutefois, dans cette section on ne peut y aller qu’en vélo ou à pied. Et pour ce qui est du vélo, c’est une piste de trail en forêt. Après discussions on s’entend que j’irai faire un tour seul. Et avec raison car c’est vraiment une trail qui demande d’avoir fait un minimum de bicyclette en montagne.
J’y ai roulé sur une distance de 9 km A-R. Dans la forêt on peut voir environ entre 100-150 pieds de distance. Les arbres ne sont pas trop denses et le sous-bois est composé d’arbustes pas très hauts et dégageant une certaine vue. Je suis à l’affût de toute masse noire et dans plusieurs virages où on ne distingue pas ce qu’il y a, j’aurais pu me retrouver à 30 ou 50 pieds du mastodonte. J’étais un peu perplexe qu’on laisse ainsi les gens aller dans le sentier, parfois avec des enfants avec le potentiel d’une telle rencontre. Je vois des empreintes à de nombreux endroits mais je m’attarde à un endroit où j’avais vu plein de signes de présences. Des petites trails transversales avec du foin frais aplati, quelques endroits où les bêtes ont couché et des pistes fraîches dans la boue. En plus, le sentier circule entre deux petits lacs présentant beaucoup de foin. Je m’arrête et j’attends pendant un moment. Si les maringouins pesaient 500 livres, je serais mort piétiné sous le troupeau qui m’agresse. Mais j’ai du Off et heureusement. Finalement, je reviens bredouille de ma quête mais comblé par cette randonnée en sentier. C’est toujours agréable de réaliser la majesté de la nature peu importe où tu peux être sur la planète.